« Je me sens emprisonné dans une bulle avec toutes les choses que je n’aime pas. »
« Maman quand est-ce que j’apprends ? »
« Je ne veux pas aller à l’école, ne me fais pas cela maman. »
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est important d’insister que le hauts potentiels n’engendre pas automatiquement de la souffrance et des difficultés sociales ou scolaires.
Cette précaution posée, je vais tenter une brève explication, non exhaustive, de la notion de hauts potentiels et le paradoxe de leur échec scolaire, mission difficile en quelques lignes.
Fanny Nusbaum, docteure en psychologie et chercheuse au Centre Psyrene de Lyon, décrit avec beaucoup de subtilité, deux profils chez ces jeunes. Dernièrement, les IRM ont pu mettre en avant les différences majeures dans le fonctionnement du cerveau de ces personnes. Loin de vouloir les catégoriser, cette description, vous aidera à mieux comprendre les difficultés vécues par une minorité de hauts potentiels :
Premier profil : homogène (ou laminaire), personne au développement cognitif harmonieux et une grande facilité à apprendre. Leur mode de pensée est séquentielle, analytique, rapide, possédant des stratégies d’ajustement et une mémoire très performante. C’est l’image la plus typique qu’on peut se faire d’un enfant à hauts potentiels.
Pour le docteur Revol, psychiatre français et spécialisé de la douance, la majorité de ces enfants réussissent assez bien à s’adapter. Ils sont ouverts et très sensibles aux attentes des autres. Ils fonctionnent généralement bien à l’école, mais peuvent s’ennuyer et vivre de l’anxiété ainsi que des difficultés sociales (p.ex. isolement, sentiment d’être incompris), le risque de désintérêt et de décrochage scolaire est réel. Nous pouvons dire d’eux qu’ils sont dans l’analyse et le contrôle intérieur.
Deuxième profil : hétérogène (ou complexe), personne présentant de grandes disparités entre leurs différentes capacités cognitives et pouvant présenter des troubles d’apprentissage, des troubles moteurs ou des troubles de langage pouvant même masquer le hauts potentiels. Un cerveau qui pense constamment, une très grande créativité intuitive et une pensée divergente, transversale et globale, rendant la planification très difficile, voici brièvement synthétiser leur fonctionnement cognitif. Leur moteur se situe non dans l’apprentissage mais dans la compréhension approfondissant. Ils développent un monde imaginaire très puissant et leur esprit est particulièrement torturé. Leur préoccupation principale est l’amélioration du monde et leur grande clairvoyance peut être source d’angoisse, par la difficulté à gérer ce flot d’information au niveau affectif. Attachant et généreux, ces personnes cultivent souvent leur différence sans forcément le vouloir. Ils présentent un fonctionnement tant cognitif, comportemental qu’émotionnel très fluctuant et leur expression psychomotrice est irrégulière. Leur réussite scolaire est très variable et ils sont décrits comme des élèves enseignant-dépendant Nous pouvons dire d’eux qu’ils sont pleinement dans le subjectif, sans véritable inhibition et sans filtre émotionnel.
Le système scolaire, quant à lui, a été conçu pour répondre aux besoins cognitifs de la majorité des enfants pensant de manière séquentielle, linéaire et convergente. Tout l’inverse du fonctionnement du hauts potentiels complexe déployant sa pensée simultanément dans de multiples directions, source de grande créativité mais de difficulté dans la sélection de l’information pertinente. Sa pensée intuitive lui permet de faire des liens, très rapidement, sans pouvoir vraiment argumenter son raisonnement, comme attendu à l’école. Il comprend bien globalement les matières mais n’approfondit pas suffisamment ses apprentissages, il confond, très souvent, comprendre et apprendre.
Si la majorité des jeunes à hauts potentiels s’épanouissent dans le système scolaire d’autres, plus particulièrement les complexes, ne s’y sentent pas vraiment à leur place, éprouvant un réel malaise au niveau des apprentissages ou au niveau relationnel et/ou psychologique. Pour certains de ces jeunes, les difficultés apparaissent dès l’entrée à l’école : un esprit très vif, divergent et une pensée en arborescence non canalisée, des centres d’intérêts très spécifiques pouvant les mettre en grand décalage par rapport au groupe et aux exigences du système.
Nombre des jeunes en difficulté ont un mode de fonctionnement cognitif conditionné par l’affectif ; ils ne s’investissent que s’ils se sentent suffisamment en confiance ou apprécié. Leur lucidité face à leurs difficultés ne les aide pas forcément à les dépasser dans leur parcours qui peut devenir très angoissant et chaotique. Leur intelligence intra-personnelle est dominante et joue l’effet de loupe. Peuvent alors apparaître des difficultés de comportement : agitation, manque de concentration, difficultés relationnelles, sautes d’humeur, absentéisme scolaire, …
D’autres encore réussissent, très facilement, les premières années mais éprouvent des difficultés au cours du secondaire. Très curieux, leur grande capacité de mémorisation et leur mode de fonctionnement intuitif ne suffit plus, le sens de l’effort n’a pas ou peu été développé et ils éprouvent de la peine à se mettre au travail. Ils présentent souvent un déficit de la motivation interne. Ils apprécient les défis et les activités complexes demandant de la réflexion et leur permettant l’utilisation de leur pensée divergente tout en ne supportant pas les contraintes scolaires. Leur rapidité à traiter l’information combinée à leur manque de méthode de travail (organisation et structure du travail dans l’espace et le temps) et au manque de persévérance face aux tâches demandées, les amènent à un désinvestissement progressif de la sphère scolaire.
A ces difficultés scolaires, peut venir s’ajouter une intégration sociale, parfois, déficitaire due à leur différence. Ils peuvent se sentir peu à l’aise au sein d’un groupe et perçoivent le sentiment de différence et l’incompréhension qu’ils suscitent chez les autres adolescents. Ils privilégient alors les relations avec un ou deux amis proches.
Le risque de ces expériences étant que l’adolescent s’enferme dans une dangereuse inhibition intellectuelle ou dans la dépression. Il peut aussi se réfugier dans la rêverie, dans un monde interne idéalisé régit par ses propres lois et ses propres règles. Retrait protecteur face aux émotions fortes avec le risque d’un enfermement et un manque de communication.
Et si le jeune adulte se retrouve, pour la première, fois en échec lors du passage à l’enseignement supérieur, il peut voir son équilibre se fissurer. La confiance en soi peut être blessée d’une manière violente. Impossible de comprendre, pour lui, le passage du statut de bon élève à celui de mauvais élève, l’acquisition du savoir semble lui échapper totalement. Il peut se sentir impuissant face à la situation et il ne comprend pourquoi les apprentissages deviennent un véritable enfer. Comme pour les plus jeunes, il a une image négative de lui-même et le sentiment de décevoir ses proches. Il risque de chercher par tous les moyens à échapper au système scolaire dont il ne comprend pas le fonctionnement et les exigences. Trop d’abandon des études repose sur une lecture erronée de la situation. Un accompagnement personnel pour acquérir les codes, les compétences et la méthodologie permettrait de dépasser ce qui paraît, à première vue, insurmontable.
Les difficultés dans les études interfèrent très fortement sur les relations avec les adultes, enseignants et parents, engendrant progressivement des conflits et des tensions quotidiennes. Les parents, eux, ne savent plus trop comment réagir et les reproches formulés aux jeunes peuvent aggraver leur souffrance et leurs résultats au vu de leur hypersensibilité. Les jeunes ont l’impression de perdre des alliés indispensables entrainant chez eux une plus grande perte de confiance. Ils se retrouvent progressivement dans une impasse.
Les parents et les jeunes désireux de mettre toutes les chances de leur côté pour entrer dans le mouvement du changement positif, vers l’amélioration de la situation scolaire et relationnelle, peuvent demander l’aide d’un coach scolaire spécialisé dans l’accompagnement des jeunes à besoins spécifiques.